La nouvelle étude Countries Energy Transition Maturity Score, co-réalisée par Arval Consulting et Element-Arval Global Alliance, est peut-être l’une des enquêtes les plus importantes sur les flottes internationales effectuées depuis longtemps.
Elle évalue plus de 40 pays du monde sur l’adoption des véhicules électriques (VE), en prenant en considération des facteurs tels que les incitations d’État, les infrastructures de recharge et la présence de constructeurs, pour aboutir à un score final utilisant six indicateurs: la taxation (pondérée à 25%), le coût total de possession (25%), le réseau public de recharge disponible (20%), la part de marché future estimée des VE (15%), les réglementations urbaines sur l’air pur (10%) et le point de vue de l’Arval Mobility Observatory (5%).
Shams-Dine El Mouden, International Consulting Director d’Arval et Nicolas Michel, International Senior Consultant, ont répondu à quelques questions sur le document et ont expliqué son impact potentiel sur l’exploitation des flottes internationales.
Quel était le raisonnement à l’origine de cette étude ?
NICOLAS : Nous voulions fournir un instantané utile de la situation mondiale à nos clients exploitant une flotte qui cherchent à établir des stratégies internationales d’électrification. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir s’attaquer à ce sujet mais il y a un manque de données pratiques et utiles.
SHAMS : Nous sommes maintenant dans une situation où la question n’est plus de savoir si les flottes devraient s’électrifier, mais comment et quand. Il est difficile de répondre à cette question car le rythme des évolutions varie beaucoup dans le monde et parfois même entre pays voisins. Nous voulions rassembler des informations qui permettront de prendre des décisions efficaces.
Quels sont les principaux facteurs qui influencent le taux d’électrification ?
NICOLAS : Dans le rapport, nous identifions cinq tendances clés à l’échelle mondiale. Il faut un fort soutien politique de la part des autorités, une grande sensibilisation au changement climatique, que la gamme de modèles de VE disponible soit attractive et vaste, que les infrastructures de recharge se multiplient et s’améliorent, et que le coût total de possession des VE puisse concurrencer ceux des véhicules à MCI (moteur à combustion interne) ou, tout du moins, qu’il évolue en ce sens.
SHAMS : Parmi ces facteurs, nous avons trouvé deux points qui encouragent vraiment l’adoption: un régime fiscal favorable et une grande disponibilité de bornes de recharge. Les deux dépendent généralement de la volonté des autorités de créer des incitations financières et d’investir dans des infrastructures. Le rôle du gouvernement dans l’électrification est crucial.
Globalement, que vous apprennent vos conclusions ?
SHAMS : Tout simplement que la situation diffère beaucoup à travers le monde. Il existe des endroits où l’électrification est aujourd’hui assez avancée, comme en Norvège ou au Royaume-Uni, mais il y en a d’autres où le processus d’électrification n’est même pas encore vraiment lancé.
Par exemple, le rapport montre que les lieux de recharge se multiplient rapidement dans de nombreux endroits, principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Chine, alors qu’à l’autre bout de l’échelle, il y a l’Afrique du Sud, où l’intérêt pour les VE semble très faible.
NICOLAS : En tant que consultants qui travaillent dans ce domaine, les résultats généraux ne nous ont peut-être pas surpris, mais il est fascinant de voir la situation globale présentée dans un format clair et détaillé, utile aux flottes. Elle montre bien les différences d’électrification dans le monde et les types de conditions d’exploitation des flottes dans chaque pays.
Comment pensez-vous que les flottes utiliseront ces informations ?
SHAMS : Nous nous attendons surtout à voir une électrification internationale progressive et pragmatique. Oui, les entreprises pourraient vouloir jouer leur rôle dans la lutte contre le changement climatique et tout électrifier dès que possible, mais elles ne seront peut-être pas en mesure de le faire dans tous les pays où elles exercent leurs activités.
Par exemple, si les infrastructures de recharge sont limitées, il n’est pas possible d’opter pour le même type de politique d’adoption rapide que là où les bornes de recharge sont relativement répandues, où il y a une variété de modèles disponibles et où le gouvernement a mis en place des incitations efficaces. Regardez le contraste entre la Norvège et l’Afrique du Sud. Il serait facile d’adopter une flotte constituée à 100% de VE dans le premier pays, mais très difficile dans le second. Puis, de nombreux pays se trouvent à divers niveaux d’électrification entre ces deux extrêmes.
NICOLAS : Dans les pays où les infrastructures se développent plus lentement et où le soutien gouvernemental est moindre, les flottes pourraient devoir aborder l’électrification selon un processus par étapes, peut-être à l’aide de véhicules hybrides ou de VEHR (véhicules électriques hybrides rechargeables), avant que l’utilisation de VEB (véhicules électriques à batterie) ne soit vraiment possible. Nous intégrons ce type d’idées aux politiques que nous créons aujourd’hui avec nos clients.
Vous mentionnez souvent l’impact de la fiscalité. Quels sont les incitants fiscaux les plus efficaces ?
NICOLAS : En ce qui concerne les VE, l’impôt s’articule autour de trois volets: l’impôt payé lors de l’achat du véhicule, l’impôt routier (taxe de mise en circulation et taxe de roulage) et l’impôt sur les avantages en nature pour les conducteurs de voitures de société.
SHAMS : Le dernier élément est bien sûr particulièrement important pour les flottes. Si l’on regarde les pays les plus avancés en matière d’électrification, par exemple les Pays-Bas, les incitations à choisir un VE sont nombreuses. En 2022, l’imposition des avantages en nature est d’environ 416% (jusqu’à 35.000 EUR) pour un VEB contre 22% pour un véhicule à MCI. Ce type d’approche favorise vraiment une adoption rapide.
Comment le rapport sera-t-il intégré aux activités futures d’Arval ?
SHAMS : Arval a créé une méthodologie de bout en bout, appelée REV (Road to Electric Vehicles), pour soutenir l’électrification. Elle fixe une feuille de route complète, de la définition de vos ambitions à la sélection de véhicules, en passant par la préparation des infrastructures, la livraison et le suivi continu de la transition.
Elle s’avère très efficace lorsque nos consultants s’entretiennent avec les gestionnaires de flottes et créent les politiques nécessaires pour les aider tout au long du processus d’électrification. Nous nous attendons à ce que le nouveau livre blanc ajoute une dimension supplémentaire à ces conversations avec les gestionnaires de flottes internationales.